Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
UN GENTILHOMME D'AUTREFOIS 17
vices de ses compagnons d'armes déjà rentrés en France : il était parti le premier, il revint le dernier!, trop tard pour bénéficier de ses services : les promotions sont faites, les gratifications payées, il ne peut rien obtenir et, vite las de solliciter, s’en va bouder à son château de la Rouërie.
Il ne rapportait d'Amérique, outre la croix de Cincinnatus, que 50.000 francs de dettes?, un ami rencontré au cours de la campagne qu'on nommait le major Chafner, et des opinions égalitaires un peu trop expansives peut-être, qu'il eût mieux fait de dissimuler. C'était, en effet, en 1783, un piètre moyen d'obtenir un commandement que de terminer sa requête ainsi qu'il le faisait: « Dans un pays où la naissance donne des droits privilégiés, j'aurais pu, sans vanité et certainement sans attacher une idée bien sérieuse à ce genre de mérite, me mettre sur les rangs avec ceux qui placent leur espoir sur cette base, mais j'ai servi, et c’est à ce titre que je désire obtenir de servir toute ma vie. »
IL resta donc avec son titre purement illusoire de brigadier général au service des Provinces-
1. En 1783.
2, Dans une lettre conservée à son dossier (Archives du Ministère de la Guerre), il fixa à cette somme ce que lui a coûté la guerre de l'Indépendance.
3. Archives du Minisière de la Guerre.