Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

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réponse affirmative en promettant de négocier à Pétersbourg l'éloignement du soi-disant Russe. En définitive, la présentation officielle qui avait eu lieu couvrait désormais l'adversaire militant de la république, et ne permettait plus au gouvermement vénitien de céder. Il fallut sa chute pour forcer au gite l'hôte gênant qu'il avait accueilli.

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TRAVAIL À L'INTÉRIEUR DE LA FRANCE (1793-1795).

La légation de France à Venise ne se trompait guère en attribuant à d'Antraigues un des premiers rôles parmi les meneurs de l’émigration. Le collaborateur officiel de Las Casas et de Mordvinov était avant tout serviteur de la monarchie française, et serviteur jugé « digne de la plus extrême confiance (1) ». On va voir dans quelle mesure il se préoccupait de la justifier.

L'offensive qu'il pouvait, en l'an Il, seconder contre les révolutionnaires avait pour but les parties méridionales de la France. Aussi se mêla-t-il d’abord aux affaires de la Corse. Cette île, en hostilité ouverte avec la Convention, était livrée à la guerre civile. Il y soutint de ses conseils les chefs du parti royaliste, notamment Butlafuoco, l'ex-correspondant de Rousseau. Il lui fit tenir, entre autres, le modèle d'une pétition à Charles IV, des-

cer auprès de lui pour l’espionner Esménard, le futur auteur du poème de la Navigation. (Vannelet à d’Antraigues, 2 juillet 1798. — À. V.)

(4) Lettre de Louis XVIII aux agents de Paris, 25 février 1796. (Pièces relatives à la conspiration de Brotier, 1° partie, p. 25.)