Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

TRAVAIL A L'INTÉRIEUR DE LA FRANCE (1793-1795). 117

de la coalition; son nom figurait sur les papiers suspects trouvés chez Robespierre; quelques semaines après le 9 thermidor, le conventionnel Louchet, réclamant le maintien du régime terroriste, avait rappelé la guerre implacable faite à la Révolution ; et cette querre, selon lui, datait du « serment impie » prononcé dans la Chambre de la noblesse par « le ci-devant comte d'Antraigues (1) ». Gamon affirma solennellement avoir encouru depuis 1789 la haine de son compatriote et ne pas devoir cesser de la mériter. Trois mois après, il eédait aux instances qui lui étaient faites, et entrait en relations directes avec l'agence de Venise. « C’est un homme de génie, écrivait plus tard son correspondant, mais un cœur atroce; ce monstre a voté la mort de Louis XVI, mou maître. Un an après ce forfait, il parut déchiré de remords, ou il en fit le semblant, et désira servir la bonne cause; il m'écrivit, je refusai de lui répondre; enfin Louis XVIII, croyant que cet homme pouvait lui être utile, m'ordonna le 14 janvier 1796 de lui écrire. J'exigeai qu’il me l’ordonnât par lettre toute écrite de sa main; il le fit le 20 janvier 1796. Il a été utile, moins pourtant qu’il ne l'aurait pu (2). »

On ne peut que conjecturer les tentatives faites alors pour ramener à la monarchie certains autres conventionnels, tels que Tallien et Cambacérès. On sait mieux ce qui fut fait en vue d'établir des relations suivies avec les royalistes de l'Ouest. La Vendée était un champ où l'on pouvait encore nuire à la république, triomphante

(1) Lettre de Gampos du 30 juillet 1793. (Courrors, Rapport sur les papiers trouvés chez Robespierre, pièce L.) — Moniteur du 3 fructidor an II.

(2) D’Antraigues à Thugut, 3 juin 1798. (A. V.)