Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

134 CHAPITRE QUATRIÈME

I

MONXTGAILLARD (1796).

En 1796, l'Italie devint le théâtre principal de la lutte entre le Directoire et la coalition européenne. Bonaparte y remporta ses foudroyantes victoires ; le Piémont fut contraint à la paix, la Lombardie conquise, la plupart des États italiens furent menacés de l'invasion et de la ruine. Louis XVIII, sommé de s'éloigner par le gouvernement vénitien, lui-même sous le coup des injonctions françaises, dut quitter Vérone et passer en Allemagne.

Au premier moment, sur les conseils de d’Antraigues, accouru en toute hâte près de lui, il avait cru possible de résister ou tout au moins de faire ses conditions, mais celles-ci, transmises par Mordvinov, furent dédaigneusement repoussées. Le prince passa sans bruit les Alpes, et son principal agent en Italie, celui qu'il recommandait encore en partant au ministre russe (1), demeura chargé de faire valoir ses intérêts, tant auprès des Français émigrés que des ennemis publies ou secrets de la France. On lui adjoignait seulement comme secrétaire un émigré gascon, Marrenx de Montgaillard, homme laborieux et honnête, qui devait occuper ce poste jusqu'en 1802.

Depuis la mort du baron de Flachslanden, d'Antraigues correspondit activement, et sur le ton de la confiance, avec le duc de La Vauguyon, devenu le principal conseiller de Louis XVII.

(1) Louis XUIIT à Mordvinov, 20 avril 1796. (D'Hérissox, Autour d'une révolution, p. 219.)