Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

366 APPENDICE.

16 ventôse (6 mars 1799).

Mon commis ne partant pour Bâle que ce soir, j'ouvre ma lettre pour vous dire qu'enfin, enfin, enfin, on m'a compris à Londres. J'ai une lettre de Hambourg, de Chapeaurouge, où était adressé le cousin. Il vient d'y arriver trois envoyés anglais, dont deux pour suivre les routes indiquées par Gamon en Bretagne, Normandie, Provence et Toulon, et un pour moi venant ici et à qui j'envoie un passeport sous nom hollandaïs ponr le mettre au fait de notre position financière, à läquelle ils ne comprennent rien. Par lui, à son retour à Hambourg, dans deux ou trois mois, je vous enverrai chez Chapeaurouge la partie de notre histoire de finances depuis le renvoi de Cambon jusqu’à ce jour.

C’est, j'ose le dire, un morceau unique en Europe, et qui ne déparera pas votre sublime Histoire de la Révolution, si vous y donnez un peu de votre coloris, car cela est see et froid; au lieu que de ma vie je n’ai rien lu de si beau que votre histoire. C’est écrit comme J.-J. Rousseau. Mais c’est bien autrement solide et sage que ses diables de paradoxes.

IT

L’ami de Paris à d’Antraiques.

Paris, le 14 février 1804.

Je commence ma lettre par un avis dont je vous supplie, Monsieur, de ne pas vous alarmer ; je vous en dirai ci-après les raisons. Veuillez, jusqu’à nouvel ordre, ne plus écrire absolument ni à notre amie, ni à moi, sur quelque sujet que ce puisse être. Cela ne sera pas long, je l'espère, et vous serez averti à l'instant où vous pourrez nous écrire. Vous