Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

368 APPENDICE.

peut vous être pénible quoique nécessaire pour tous les noms. Personne ne peut prévoir la couleur que l’on voudra donner à la chose; cela dépendra des événements, du public, de l'armée, de la manifestation des opinions des corps tels que le Sénat, le Conseil d’État.

Mais voici le vrai noyau sur lequel les événements vont se greffer et les mensonges et les suppositions ; mais il y a un fond vrai, cependant, et le voiei :

Il y a ici un nommé Bouvet de Lozier, qui a fait plusieurs campagnes au service des Anglais comme capitaine. Cet homme a de la tête, des moyens ; mais il est avantageux, confiant en ses succès, ce qui le rend bavard par accès, car, d’ailleurs, il est méfiant.

Cet homme a la confiance du comte d'Artois. Il est venu ici et a loué une campagne. On n’a fait aucune attention à cet homme, cependant les amis du ministère anglais le connaissaient, mais ils n’en étaient pas connus et n'avaient rien à faire à lui.

C'est que voici le fait. Les Anglais, le premier peuple du monde pour établir et conserver des amis et des intelligences, ont ici la machine la mieux montée qui existe sûrement : celle-là, rien ne la ferait sortir de son orbite et de la main du premier sous-secrétaire d'État. On est sûr de cela ici. Quand ils font des entreprises, jamais ils n’y mêlent en rien ni pour rien la tête de la machine, elle reste toujours intacte, isolée, sans qu’il y ait une possibilité physique qu’elle puisse être compromise. Ils font à cela tous les sacrifices, même celui du plus ou moins de succès de toute autre entreprise secondaire. Mais, quelquefois, ils préviennent de s'éloigner d'un tel, précisément lorsqu'il est chargé de quelque objet essentiel, moins hasardeux. Or, par celte raison, ce Bouvet était connu. C'est par lui, par ses voisins, par un coquin aimé de sa coquine que tout a été découvert, mais on a mis ensuite la totalité des découvertes sur un nommé Quérelle qui lui a manifesté seulement des moyens assez subalternes de la correspondance. C’est tout ce qu'il savait; mais on