Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

64 CHAPITRE DEUXIÈME.

Ces concessions illusoires et ces théories subtiles ne pouvaient arrêter les prétentions du liers. Les conférences reprirent cependant le 30 mai, sur le désir de Louis XVI. Un mémoire de d'Antraigues, où celui-ci avait colligé les précédents de 1355, de 1560, de 1588, de 1614, servit de base à une discussion de plusieurs Jours sans résultat. Les conférences furent de nouveau rompues le 9 juin, les commissaires de la noblesse n’ayant accueilli un plan conciliatoire de Necker qu'avec des restrictions inacceptables.

On sait les événements qui suivirent : la constitution des communes en Assemblée nationale (17 juin), la protestation de la Chambre de la noblesse adressée au roi (19 juin), la déclaration royale du 23, qui, en supprimant beaucoup d'abus, maintenait la division des ordres, et enlin le serment du Jeu de paume, Le 25, jour où Quarante-six gentilshommes allèrent prendre séance sur les bancs des communes, d'Antraigues sonnait devant ses collègues comme une dernière fanfare en l'honneur de leur ordre vaincu: il couvrait la retraite par des protestations qui n'étaient pas sans valeur, mais qui restèrent sans écho; il signalait « la tyrannie des opinions » prête à succéder au despotisme : puis il concluait en préchant la résignation aux volontés du roi : « S'il faut sacrilier sa vie aux principes, disait-il, il faut sacrilier tout ce qui ne les altère pas au désir de la paix. » Aussi ne s’associa-t-il point aux suprêmes protestations de son ordre, attestées par l'arrêté du 3 juillet (1) ; il n’adhéra même pas aux déclarations réservatoires déposées le 30 juin par plus de cent de ses collègues. Son cahier

(1) Cet arrêté, approuvé par 89 membres, a été publié par MimasEav dans la Seizième lettre à mes commellans, p, 3%.