Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

LA CHAMBRE DE LA NOBLESSE (1788-1789). 65

l'autorisant à se résigner aux faits accomplis, il laissa, le 1° juillet, valider de nouveau ses pouvoirs par l’Assemblée nationale, et prit place dans le treizième bureau (1).

Il n’en restait pas moins hautement incrédule aux théories constitutionnelles, aux projets qui s’agitaient autour de lui, dans les États généraux transformés. Sa foi dans l’ancienne constitution, sincère ou affectée, demeurait à ses yeux le point de départ des réformes à accomplir. Sur ce dogme politique, il ne variera jamais; en 1799, alors que Louis XVIII, se croyant près de son triomphe, traçait un plan de gouvernement où il se relàchait quelque peu de sa formule primitive : l'ancien régime moins les abus, d'Antraigues, fidèle à son libéralisme aristocratique, continuait à tenir pour non avenue la fusion des ordres : « J'ai aussi tout comme un autre l'esprit novateur, écrivait-il à son oncle Saint-Priest, et je trouve qu'il y à dans la constitution française des choses qui me deplaisent, qui me gênent, et qui seraient mieux pour moi autrement en général; une constitution qui, de seigneur de province et de particulier que je suis, me ferait pair de France ou autre chose, me paraîtrait plus commode pour moi; mais comme j'ai trouvé dans les autres les mêmes désirs qu'à moi, et que j'ai partout trouvé la volonté non d’obéir, mais de créer, et que je n’en vois résulter que le chaos, c’est de cœur et d'esprit que je me soumets aux anciennes lois de ma patrie, qui me protègent sans m'humilier, et sont mon héritage

(L) Le même jour, il écrivait à ses électeurs : « Soyez sûrs que je consentirais plutôt à perdre la vie que de trahir les intérêts de mon ordre. » (Lettre publiée dans le Bas-Vivarais, 20 décembre 1873.) Cf. les délibérations approbatives de la noblesse du Vivarais (A. N., AA 49, n° 139)