Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

PREMIÈRES INTRIGUES (1790-1792). 8

autant de place que les théories et les discussions de. principes. D'Antraigues se disait sans doute comme. Burke : Ne séparons jamais dans une question la valeurintrinsèque de cette question et la valeur morale des. hommes qui s'identifient avec elle.

Parmi les meneurs de la Constituante, il s’en prit sur tout à ses anciennes connaissances, à Necker, à Talleyrand, à Mirabeau. Necker est à ses yeux « le plus habile des financiers au milieu des gens de lettres, et un homme: très supérieur en littérature au milieu des financiers (1) ». Il s’est fait l'héritier, l’exécuteur testamentaire de la secte encyclopédique. C'est lui qui, sous l'empire de ses préjugés huguenots, à frappé à la fois la monarchie et la religion, a appelé les curés aux élections, à divisé ainsi l’ordre du clergé et assuré le succès du tiers état. Mirabeau est un renégat qui a porté plus haut que personne: l'autorité royale, et qui depuis. Talleyrand est l'apostat dont ce même Mirabeau écrivait autrefois : « Pour de l'argent, il vendrait son âme, et il aurait raison, car il troquerait son fumier contre de l'or. »

Derrière eux d’Antraigues distingue en passant certaines figures insupportables à son souvenir, les Lameth, Target, Camus, Volney, le duc d'Orléans. Il s’en prend surtout, — et ici l'homme des Cévennes reparaissait en lui, — aux députés calvinistes qui, en portant à la (ribune les griefs de leurs coreligionnaires, lui semblaient avoir rallumé la guerre civile ; il peint en noir Rabaut-Saint-Étienne et traite Barnave de « Néron (2) ».

À ce groupe réprouvé il a joint après coup Loménie-

(1) Dénonciation aux Français catholiques, p. 41-42 (2) Ibid, p. 101-105,