Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)
TBE ROUE
surtout la dignité intellectuelle et morale non seulement du jeune Gentz, mais aussi du Gentz blasé et vieilli des dernières années. A l’aide de quelques citations bien choisies, Hebbel montre ce qu'il y a de dramatique dans cette lutte continuelle du rationalisme de Gentz aux prises avec les conceptions théologiques de son ami, et résistant à tous les assauts. Il pense que l’homme dont les lettres révèlent une telle probité intellectuelle ne peut être condamné par la postérité qu'après une sérieuse enquête, et il essaie de faire voir ce qu’il y a d’élevé dans son caractère à côté duquel celui d’un Johannes von Müller fit parfois piètre figure !.
Sans vouloir attacher plus d'importance qu'il ne convient à cet article, constatons que par là Hebbel portait un coup sensible à la légende du Gentz obscurantiste, du Gentz vendu au plus offrant, traître à sa foi et à son idéal. Dès lors, les hommes cultivés de tous les partis témoignèrent de leur estime pour certaines qualités de notre auteur. Les biographies élogieuses se succédèrent. Après Schmidt-Weissenfels, en 1859, c’est MendelssohnBartholdy, en 1867, qui se borne à résumer les évènements extérieurs de la vie de Gentz. Ici, pour la première fois, l’évolution de la pensée de Gentz est
1. Hebhel paraît un peu sévère pour Johannes v. Müller, dont il ne semble pas avoir compris le rôle après 1806.