Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)
jeur foi‘, gardèrent plus intact encore que les Prus- . siens de Prusse l'héritage de la Réforme; ce furent des militants en terre brandebourgeoïse. Transplantés à Berlin, ils formaient à la fin du XVII siècle une colonie particulière, conservant des traditions propres, véritable patrimoine intellectuel et moral. Ces familles, aux principes rigides, aux mœurs sévères, fournissaient à l'Eglise luthérienne de nombreux pasteurs. L'un d’eux, Johann-PeterFriedrich Ancillon, un cousin de Gentz, fut un de ses meilleurs amis de jeunesse.
Le passage de Geniz au camp antirévolutionnaire ne changea d’abord rien à ses idées religieuses et à sa facon de juger la Réforme. En 1795, dans son article dela Neue Deutsche Monalsschrift sur Finfluence de la découverte de l'Amérique, il la considère toujours comme un grand bienfait pour Fhumanité. « La réforme religieuse, dit-il, fut une œuvre puissante et féconde ; mais l'impulsion seulement partielle qu’elle donna à l'esprit humain ne put être
1. Au moment où Gentz atteignait l’âge d'homune, la Révocation de l'Édit de Nantes datait à peine d’un siècle. Les protestants d’origine française étaient entourés de l'auréole de la persécution. Et c'est avec horreur qu’ils prononçaient les noms de leurs persécuteurs. Quelque chose de cette horreur se retrouve dans les passages où Geniz, même après sa conversion antirévolutionnaire, a eu l’occasion de parler soit de Charles IX, soit des Inttes religieuses où du fanatisme en général.