Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871
98 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.
périodiquement la toison des Français et de mettre nos épargnes en coupe réglée. Le défaut des peuples riches est d’exciter la convoitise,surtout quand ils ont, comme nous, la manie de faire sauter leurs écus. Les Romains l'ont éprouvé à leurs dépens. Ge qui se pratiquait de leur temps se pratique encore aujourd'hui; les dehors seuls ont changé. Dans ce dix-neuvième siècle où la cupidité des peuples et des rois trouve toujours des sophismes pour se justifier, la richesse est une faiblesse, là où la frontière est mal gardée. Il y avait un dragon pour surveiller les pommes d’or du jardin des Hespérides. |
Toutes les fois qu’on montrera au peuple allemand destrésors à gagner, soyons certains qu’il suivra joyeusement ses chefs. Le territoire de l’Allemagne n’est ni assez riche ni assez vaste pour nourrir une population déjà trop serrée. La race germanique est douée d’une fécondité redoutable. Malgré l’émigration annuelle de deux cent mille individus, le nombre des habitants augmente dans une proportion telle que l'Allemagne doit déborder sur les pays voisins. Si donc, dans d’autres pays, la guerre passe pour un fléau, l’Allemagne peut, sous certains rapports, la regarder comme un bienfait, et alors on se demande si ses chefs auraient besoin de beaucoup d'efforts pour la précipiter tout entière au combat.