Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

108 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.

siens n’ont pas cherché à leur défaite des consolations ridicules, comme nous l'avons fait trop souvent. Ils n'ont pas crié à la trahison; ils n'ont pas rejeté la faute sur l'incapacité de leurs chefs, ce qui est un moyen trop facile de se décharger de toute responsabilité, Ils n’ont pas voulu se blanchir aux dépens de la fortune. Ils n’ont pas crié sur tous les toits qu'ils avaient été écrasés par le nombre. Ils ont cherché plus profondément les causes du mal; ils ont demandé à connaitre toute la vérité, même dans ce qu’elle avait de plus cruel. Ils se sont accusés eux-mêmes. Ils ont reconnu alors qu’il fallait transformer leur organisme social qui était atteint d’une incurable maladie. Ils avaient eu longtemps un fétiche : le souvenir de Frédéric le Grand; ils l'ont jeté, en ne gardant de la tradition que ce qu’elle renfermait de bon et de glorieux. Ils se sont décidés à reconnaitre qu'une armée, qui avait élé excellente à la fin du dix-huitième siècle, pouvait ne plus rien valoir au commencement du dixneuvième après les innovations et les réformes des généraux français. [ls avaient dédaigné l’avertissement de 1792; ils ont accepté celui de 1807. Ils ont compris que ce n’est pas l’orgueil qui entretient le feu sacré, mais le travail, le travail patient et résigné. Ils ont supporté, sans se plaindre, tousles sacrifices queleur gouvernement jugeait nécessaires, Ils ont trouvé, par