Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

LEGONS A TIRER DE L’HISTOIRE. 109

une espèce d’intuition, les règles essentielles d’une nouvelle organisation militaire. Scharnhorst leur a montré qu’on ne doit jamais compter sur des troupes levées à la hâte, que les soldats les plus braves ont besoin d'apprentissage et qu’il faut toujours des cadres solides, des noyaux autour desquels puisse se grouper toute la population valide du pays. Ce sont là des vérités désormais incontestables et, en quelque sorte, les axiomes de la guerre. |

Trop de gens, égarés par les récits trompeurs de nos premières guerres de la Révolution, se figurent encore qu'on peut arrêter une invasion par une levée en masse, avec des armées improvisées. Nous ne sommes plus à l’époque où on guerroyait des années entières autour de quelques bicoques, où une bataille perdue n'avait guère d'autre résultat que la prise d'une ville, où de part et d'autre les armées étaient relativement peu nombreuses, où on pouvait suppléer à l'habitude du feu par l’enthousiasme et la bravoure, subvenir aux besoins du soldat par la maraude. Les choses ont bien changé depuis les grandes guerres de la Révolution et de l’Empire, depuis l'établissement des chemins de fer et des télégraphes. La guerre est surtout une œuvre de vitesse; les armées sont d’immenses machines dont tous les rouages doivent être à leur place, qui doivent toujours être prêtes à l’action.