Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

84 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.

leur théorie n’était au fond que le droit du plus fort, Les Allemands eussent ri au nez de ces Français trop naïfs. Pendant quenous chantions les couplets de Béranger sans penser à mal, que nous célébrions nos victoires avec un orgueil enfantin, pendant que nos expositions et nos fêtes attiraient l’univers à Paris, la haine contre les Français s’infiltrait lentement dans toute l’Allemagne, sous la direction méthodique des fonctionnaires et surtout des maîtres d'école prussiens. Pendant que nous voulions la paix, que nous invitions les peuples à la fraternité universelle, que nos orateurs les plus écoutés demandaient la réduction des charges militaires et la diminution de l’armée, l'appel à la vengeance était en Allemagne le thème favori des éerivains, des poètes, des rhéteurs. Il passait de l’universilé au gymnase, du gymnase à l’école primaire. Le mot d'ordre descendait de Berlin jusque dans le plus petit des hameaux.

Aussi, quand nous tombàmes dans le piège qui nous était tendu, quand vint l’année fatale, quand le rêve de M. de Bismarck s’accomplit, ce re fut pas une armée qui passa le Rhin, ce fut le peuple allemand: Pendant six mois, depuis la bataille de Wissembourg jusqu’à la capitulation de Paris en 1874, l'Allemagne n’eut pas d’autre pensée, pas d'autre sentiment que la guerre.