Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

96 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.

celui de Napoléon. La France a montré une prodigieuse vitalité; elle a réorganisé tous les services publics ; elle a refait son armée; elle a inspiré l’envie aux vainqueurs; mais en même temps elle les a effrayés par cette brusque renaissance. Ils croyaient la tâche finie et tout est à recommencer. [ls sont contraints de faire encore de plus lourds sacrifices que par le passé et de grossir chaque année l’effectif de leurs régiments pour tenir le premier rang parmi les puissances militaires.

C’est une lourde charge pour l'Allemagne entière; aussi est-il naturel qu’elle s’en prenne à nous, qu’elle nous accuse d’être une gêne, une obsession constante. Nous lui faisons encore peur? Ne doit-elle pas nous haïr? Ne doit-elle pas chercher à vider définitivement la querelle, à dormir enfin tranquille ? Le gouvernement entretient soigneusement cette sourde rancune qui est d’autant plus puissante qu’elle pénètre davantage dans les masses. La peur de la France, le péril national, voilà le spectre qu’on agite devant le pays pour en obtenir tout ce qu'on demande. Quand un député se plaint au nom de ses électeurs, M. de Bismarck lui montre du doigt cette France riche et prospère qui supporte allègrement le fardeau. N’estce pas insinuer que nous avons encore trop d’écus et qu’une bonne saignée ne serait peut-être pas inutile? Il plairait assez aux financiers allemands de tondre