Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt
UN HIVER A PARIS SOUS LE CONSULAT. 445
et à quelques officiers de connaissance. Le colonel, qui est un homme aussi vif qu'aimable, nous à invités à dîner et nous à d’abord menés à la parade. Malheureusement, c’était une parade à pied : pour des cavaliers, les hussards ont bien manœuvré pendant deux heures, au grand soleil. Lahoussaye, à qui j'en faisais compliment, me dit qu'il ordonnait souvent de répéter ainsi les manœuvres de cavalerie, parce que les soldats se les rappellent mieux qu’en ne les exécutant qu'à cheval.
Le 3 hussards s’est distingué dans la dernière campagne de Moreau; comme tous les corps français, il a des hommes de toutes tailles et d’âges différents; la majorité est jeune et d’attitude martiale. Les sous-officiers en particulier m'ont produit bon effet; ils ressemblent à des officiers. La tenue était belle, bien militaire, sans élégance, ni fantaisie affectée. Si les mouvements n’ont pas eu la rapidité et la précision prussiennes, ils se sont exécutés plus régulièrement que dans l’ancienne armée. Partout où l’on voit maintenant manœuvrer les troupes, on se convainc que Bonaparte, persuadé que dans les guerres futures, en Allemagne et dans le Nord, la bravoure impétueuse d’une ardente jeunesse ne suflirait pas pour assurer la victoire, s'efforce d'introduire dans l'armée la discipline et la tactique allemandes.
A la fin de la parade, le colonel, se plaçant devant le front du régiment, a remis un sabre d'honneur envoyé par le Premier Consul à un vieux lieutenant ayant passé par tous les grades, qui avait toute la tournure d’un Hongrois. Il nous avait permis de nous placer à ses côtés et d’écouter sa jolie allocution, prononcée avec cette facilité de parole et de geste qui est un don naturel des Français.
Avant dîner, nous avons eu le temps de faire un tour sur la magnifique terrasse du château avec les invités du