Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

XLII

4 avril 4803.

Chaque jour je regrette davantage d’avoir fait si tard la connaissance de Mme Barbier. Avant-hier elle avait réuni chez elle un petit cercle de vrais musiciens, et nous a fait passer la plus agréable soirée autour de son pianoforte. Elle a chanté des morceaux de caractère ou simplement gracieux, avec le même talent et le même naturel ; une autre jeune femme a exécuté avec beaucoup de goût et de fini les œuvres les plus difficiles de Clémenti et de Cramer. Le bel enthousiasme ou la fine critique avec lesquels on appréciait chaque passage, chaque expression donnée par l’exécutant, m'ont reporté au beau temps du vieux Paris musical; c’est avec empressement que j'ai promis de me retrouver prochainement chez Mme Barbier. De son côté, Mme Moreau veut absolument que. j'assiste à sa prochaine « académie » de musique; les derniers soirs de mon séjour vont être agréablement occupés; les journées seront prises par des courses que l'existence mondaine m'avait rendues impossibles jusqu’à ce jour:

J'ai visité, à la Bibliothèque, le cabinet des antiques (des médailles), où d'innombrables trésors se sont accumulés depuis le temps où je l ai 1 vu pour la première fois. Les pierres taillées et les médailles sont, à mon avis,