Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt
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dant pas. On m’a conté sur J.-J. Rousseau et Mme de Genlis une historiette dont on ferait aisément un vaudeville : alors que Mme de Genlis, jeune et belle, commençait à faire valoir son esprit, elle exprime un jour, devant un courtisan, le désir de voir Jean-Jacques. Une idée plaisante passe par la tête du courtisan, qui se fait fort d'amener le sauvage philosophe. Au lieu de s’adresser à Rousseau, il va trouver l’acteur Préville et le supplie de lui prêter son concours en vue d’une scène comique à organiser. Préville consent, promet de se présenter devant Mme de Genlis avec l’habit brun et la perruque ronde de l’ami de l'humanité ; rendez-vous est pris. Mais avant le jour fixé pour la présentation, le courtisan bavard avait divulgué le complot, et Mme de Genlis, avertie à temps, s'était promis de recevoir, comme il le méritait, le faux Rousseau; de son côté, Préville avait signifié son refus de continuer la plaisanterie.
Un courtisan français n’est jamais embarrassé! Le nôtre prend le parti d’aller parler à Rousseau, et réussit à le convaincre que la grande dame brûle d’envie de voir le grand philosophe. Philosophe et courtisan arrivent à l'heure dite chez Mme de Genlis, qui les attendait de pied ferme, dans sa plus belle toilette. Persuadé que c’est Préville qu’elle a devant les yeux, elle se montre froide, dédaigneuse, raide, compassée. Choqué de l’accueil, blessé dans sa vanité, Rousseau desserre à peine les dents et se retire au plus vite. Dans la soirée, Mme de Genlis rencontre le courtisan et ne manque pas de lui demander en riant si elle s’est bien vengée du mauvais tour qu’il avait médité. Quelle n’est pas sa surprise, quand elle apprend que c’est Rousseau en personne qu’elle a si mal reçu !
De toutes ces petites pièces d’un médiocre achevé, il