Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt
UN. HIVER À PARIS: 44
Les écoles hollandaise et allemande sont richement représentées par Van Dyck, Rembrandt, surtout par Rubens. Il y a d’excellents tableaux de Dürer et de Holbein; mais on apprécie mieux ces maitres à Bâle, à Nuremberg, à Augsbourg et dans d’autres villes allemandes; de même, il faut aller à Düsseldorf pour connaître Van der Werff.
Ce n’est qu’en arrivant à la partie de la galerie réservée à l’école italienne que ma curiosité artistique a été pleinement satisfaite. Quelle richesse d'œuvres d'art! quelle noblesse, quelle élévation dans leur caractère! Quelle jouissance de contempler, pendant des heures, les peintures d’Albano, Caracci, Correggio, Domenichino, Guercino! Et qu'est-ce, devant Raphaël? On voit déjà, dans la galerie, des chefs-d’œuvre du maître incomparable; il en est d’autres, plus beaux encore, que l’on exposera incessamment. Ces derniers sont aux mains des restaurateurs, car malheureusement, malgré les précautions prises, malgré les injonctions répétées, beaucoup d'œuvres d’art apportées d'Italie ont subi des traitements barbares. La plupart des toiles ont été emballées avec leurs cadres de dimensions différentes et empilées, sans séparation entre elles; on s'aperçoit maintenant des détériorations causées par les moulures des cadres. Heureusement, l’habileté des restaurateurs répare en partie les dégâts. Cette habileté est effectivement poussée fort loin : je citerai une Sainte Famille de Raphaël qui semble intacte. Or, elle a été enlevée d'un panneau de bois rongé par les vers et transportée sur toile. À l’aide de scies et de limes extrémement fines. on détache la mince feuille de bois qui supporte la peinture et, lorsque les couleurs n’ont pas été endommagées par un accident, on la reporte sans retouches sur la toile.