Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt
UN HIVER A PARIS
He co
Elle dit, dans la pièce actuelle :
Quand veut-on proclamer que, par un nouveau code, On peut changer d'époux comme on change de mode?
Le dénouement n’est pas meilleur que celui de Molière, déjà critiqué par Voltaire.
Après avoir blâmé, je ne suis pas fâché d’avoir à dire du bien de la tragédie au Théâtre-Français. Je viens d’entendre Talma dans l’'ŒÆdipe de Voltaire : il a été superbe en plusieurs endroits, son accent, ses attitudes ont eu la grandeur tragique, mais il n’a pas complètement répondu à mon attente ; — le rôle, il est vrai, n’est pas un de ses meilleurs. — Il m'a semblé que son jeu manque du calme et de l'assurance tranquille d’un maître ; malgré l’excellence de son jeu, ses intentions préméditées sont trop sensibles. Les poses et les gestes sont en général réussis et ce n’est pas seulement pendant qu’il déclame qu'il est en action, il sait y rester pendant qu'il écoute. C'était là un des beaux côtés du talent de Lekain : tant qu'il était en scène, chacune de ses attitudes aurait pu servir de modèle à un peintre. Mais, s’il me souvient bien du temps de ma jeunesse, époque à laquelle Frédéric IT fit venir Lekaïin à Berlin, le jeu de ce tragédien était si parfaitetement naturel, qu'il semblait jaillir spontanément du caractère du héros mis en scène, bien que fréquemment la tournure de Lekaïn fût en opposition directe avec le type du personnage. La beauté de Talma devait lui rendre facile une transformation de son jeu et lui permettre de s’incarner davantage dans les dieux et héros qn'il fait parler. Parisiens et étrangers m’avaient aussi affirmé qu'il
avait pris la direction du Journal de Paris, auquel il avait collaboré du temps de Condorcet, quand la feuille s'appelait Chronique de Paris.