Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

STE

SLOVÈNES ET ITALIENS r4r

jouissent d'un vote privilégié pour la Diète; en vertu de ce vote, elles envoient cinq députés italiens à la Diète istriote. Ces quelques familles constituent le vraï soutien de l’élément italien en Istrie; par contre, elles font une opposition acharnée à la population rurale slave. Les « signori » italiens pratiquent l’usure sous sa pire forme; ils ont enseigné aux paysans slaves que leurs intérêts nationaux et leurs intérêts économiques sont intimement unis. La basse classe moyenne des villes istriotes n’est pas très capable de garder sa fortune. L’habitant des villes de la côte istriote, en effet, est aussi un cultivateur, qui met en culture des vignes et des champs de blé en dehors de la cité. Maïs une telle situation, économiquement hybride, est incompatible avec les exigences de notre époque; il en résulte que, de plus en plus, les terres passen! sur la côte occidentale aux maïns des paysans yougo-slaves, persévérants et frugaux.

U contient quelque vérité et quelque sens, ce dicton qui compare l'élément italien à des boutons cousus sur l’habit (sur la côte) slave. La grande masse de la population rurale est slave. Ces masses slaves n’ont pas été négligées à la seule époque des Vénitiens, mais elles l’ont été davantage encore sous la tyrannie politique des «€ signori ». On ne leur donna point d'écoles.

Pendant longtemps, le gouvernement autrichien s’est con-

sacré à l’italianisation du Littoral. Le député Spincic avait

raison quand, en +894, il s'écriait avec indignation, en plein Reïchsrat : « Alors (en 1848) l’Istrie était encore considérée comme un pays slave, et c’est aux seuls gouvernements autrichiens d’une époque plus récente que sont dus d’abord la croyance du contraire, puis l’honneur d’avoir rendu italiens toutes les villes, tous les villages et même tous les districts du pays, grâce à l’activité dont ils firent montre dans toutes les branches de l’administration. »

Les alentours de l’année 1800 furent particulièrement orageux dans ces pays méridionaux. Alors Slaves et Italiens entrèrent effectivement en lutte; ce fut un conflit sérieux,