Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

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ment faites pour se compléter l’une l’autre. Politique de poigne à Berlin et politique de poigne à Budapest, ceci s’accordait avec cela.

Déjà Berlin et Budapest croyaient avoir presque achevé leur œuvre de corruption et d’écrasement des Slaves du Sud. Mais avec l'avènement des Karageorgevitch, tous les calculs des Magyars étaient condamnés à échouer. Alors, en effet, l'émancipation de la terre et du peuple serbes commencèrent sérieusement, et les Serbes se développèrent avec un renouveau de vigueur toute juvénile. Les Croates commencèrent à résister avec succès à la politique de brutalité et de violence des Magyars.

Par suite de l'annexion de la Bosnie-Herzégovine, de nouveaux Slaves du Sud, au nombre de plusieurs millions, nouërent des relations politiques plus intimes avec les Slaves autrichiens et la solution du problème yougo-slave devint pour la Monarchie une nécessité immédiate, Mais cela signifiait l'abandon du dualisme.

Les Magyars savaient parfaitement que, dans quelques années, la Monarchie serait obligée d'accorder aux Slaves

du Sud un nouveau statut politique. Quand l'Allemagne prit

son attitude belliqueuse, les Magyars furent convaincus qu'une guerre victorieuse était le seul moyen d’écraser les Yougo-Slayes. Et telle est la raison pour laquelle la politique belliqueuse et agressive de l'Allemagne excita un tel écho d'enthousiasme par toute la Hongrie, que ce pays est aussi responsable que l'Allemagne des horreurs de la guerre mondiale. Le nom véritable et traditionnel qui, à l’origine, désignaïit à la fois les Serbes et les Croates, n’était pas celui qui a différencié politiquement la « nation Etat » serbo:croate; c'était celui d'un peuple qui s'appelait lui-même les Slovinci, ° Sans aucune préoccupation de suzeraineté politique. La division des Slovènes en Etats séparés ne détruisit en aucune manière l'unité ethnique et morale de la « nation de civilisation commune », et s’il est exact que, dans les siècles

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