Une mission en Vendée, 1793

440 UNE MISSION EN VENDÉE, 1793.

la Vendée qui ne leur offrait plus aucun moyen de subsister et les chefs voyant leur armée se détruire ont voulu s’en créer une nouvelle par les mêmes moyens qui avaient créé l’autre, Ils ont choisi la Bretagne pour succéder à la Vendée, ils ont profité de la prise de plusieurs villes pour y faire donner par les municipalités des passeports à tous leurs agents ; ils avaient soin de faire antidater les passeports que leur accordait la faiblesse ou la complicité des magistrats nommés par le pays, el par ce moyen ils ontinfecté les pays qu’ils destinaient à être leur proie, d’émissaires d'autant plus dangereux qu'ils circulaient librement avec la protection de la loi et à l’abri du soupçon; des émigrés, des ex-nobles et des prêtres se sont ainsi répandus dans les Côtes-du-Nord, le Finistère et le Morbihan. Ils ont réveillé le fanatisme et le royalisme mal éteints, flatté la crédule ignorance des paysans de la même perspective de succès et d'avantages à recueillir qui entraîna les habitants de la Vendée: ils ont fait croire à ces paysans qu'ils avaient des forcesinnombrables,une vaste étendue de pays et la certitude de réduire la France de concert avec les puissances étrangères. Les paysans ont tout cru, tout espéré et dans plusieurs communes s'organise une nouvelle armée catholique et royale destinée à renforcer l’autre. Les campagnes ont été secondées dans ce projet de révolte et de guerre intestine parles riches et les négociants des villes qui sont pour la plupart autant d'agents des rebelles, parce qu’ils ne voient dans la révolution que les pertes momentanées qu'elle leur fait éprouver et qu'ils se flattent toujours de revenir à un état de choses plus favorable pour eux et plus conforme aux désirs de leur égoïsme et de leur avarice. Aujourd'hui les brigands savent mieux que nous ce qui se passe dans les lieux où travaillent leurs émis-