Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 221

sont occupés de l'arrestation des personnes suspectes. J'ai combattu le fanatisme par le langage seul de la raison, et j'ai vu s'élever l'arbre de la Liberté à la place des croix et autres signes de la superstition qui ont été abattus par les paysans eux-mêmes. À Josselin les prêtres ont tous abjuré; les saints de bois ont été brûlés dans les corps de garde: ceux d'argent et les calicés envoyés à la Monnaie, le tout d’après le vœu même du peuple. Dans le district de Rochefort on vient d'arrêter 22 hommes, tant émigrés ou prêtres réfractaires que jeunes gens de la première réquisition déserteurs. Ici encore est un motif de plus pourles éloigner. Hâtons donc le départ des premières réquisitions de la ci-devant Bretagne; ayons soin d'y avoir longtemps encore dans chaque village des garnisons républicaines comme dans un pays ennemi, et peu à peu les habitants fraterniseront avec les soldats et seront amenés au républicanisme dont ils sont bien loin, car on peut les dire à un siècle en arrière de la révolution. Faisons cultiver les terres, bonnes en elles-mêmes, mais laissées incultes par la paresse de ceux qui les possèdent,etnous aurons un produit considérable qui fera de ces départements un véritable grenier de la République par les ressources en subsistances qu'ils auront à lui offrir. Après, nous ferons dessécher les marais qui rendent plusieurs cantons malsains et inhabitables.

« Je vais passer seulement quelques jours à Nantes, ainsi qu'à la Rochelle et Rochefort pour y donner en passant quelques fortes secousses à l'esprit public et stimuler vivement les sociétés populaires, après quoi je me rendrai sans retard à Bordeaux, pour qu'à la fin de ma tournée je puisse voler à Londres où j'ai déjà servi la liberté et me sens prêt à la servir encore. »