Une mission en Vendée, 1793

222 UNE MISSION EN VENDÉE, 1793.

Décadi, 10 Pluviôse. J'écris à Prieur :

« J'arrive à Nantes, mon bon ami, et je m'empresse de te transmettre le résultat d’une lettre très officielle que je reçois de Paris. L’Angleterre est en feu; on crie tout haut dans Londres qu'il ne faut plus de rois; Georges et Pitt jouissent de leur reste. Le Comité de Salut public songe à seconder puissamment les habitants des bords de la Tamise, et la mission de représentant du peuple français auprès de la nation anglaise t'est destinée. Moi j'irai fort probablement aussi, et je ferai dans la Grande-Bretagne la même tournée que je viens de faire dans la Petite. Hâte-toi d'en finir avec le Morbihan. Je vais me rendre rapidement à Bordeaux et au Portla-Montagne ; et, comme je te le disais avant mon départ de Lorient en pleine société populaire, notre rendezvous est en Angleterre. L'année d'après nous porterons ailleurs la liberté. »

Décadi, 10 Pluviôse.

J'écris aux rédacteurs de l’Anti-Fédéraliste :

« Une fète solennelle vient d'être célébrée dans les murs de Lorient pour l'inauguration du temple de la Raison. Les détails de cette fête doivent être rendus publics. Le nonidi soir, les soldats de l’armée de l'Ouest et les envoyés des campagnes voisines arrivent dans Lorient. Une illumination générale et spontanée fait de leur entrée une véritable entrée triomphale, et la veille du jour destiné pour la fête est elle-même une fête unanime et touchante. Le décadi, dès l'aurore, plusieurs salves d'artillerie donnent le signal du réveil, et chacun se lève, empressé d’allonger, en la devançant, la