Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 233

24 Pluviôse.

J'écris aux membres composant le Comité de Salut public :

« Chargé par vous, citoyens, d'électriser l'esprit public dans nos différents ports et d'imprimer plus d'énergie encore aux sociétés populaires, je vous ai rendu un compte exact et détaillé de la marche que j'ai suivie pour remplir cette mission. Souvent les plus petits moyens en apparence produisent les plus grands effets, et c'est par des fêtes, des spectacles, des cérémonies solennelles qu’on éveille l'enthousiasme, qu’on embrase les cœurs, qu’on rend la patrie plus chère.

«A mon passage à Nantes j'ai parlé avec force contre le négociantisme. J'ai relevé l'énergie des sans-culottes, tracé les derniers devoirs des sociétés populaires, préparé les esprits à la grande entreprise qui doit planter sur le sol anglais l’étendard tricolore. J'ai provoqué un scrutin épuratoire public et sévère qui ne laisserail plus, dans lasociété de Vincent-la-Montagne, nimodérés, ni patriotes faibles ou douteux.

«J'ai fait promettre aux jeunes citoyennes de n'unir leurs mains qu’à des mains républicaines. Cette cérémonie solennelle et touchante a fait couler des larmes d’attendrissement et de joie. Pour décadi prochain j'ai proposé à la société populaire de destiner une dot à deux époux choisis, pauvres, patriotes et vertueux, qui seraient unis sur l’autel civique. La dot a bientôt été trouvée, et le mariage aura lieu. Comme les habitants des campagnes sont en beaucoup d'endroits, et surtout ici, en guerre ouverte avec les habitants des villes, j'ai pris des moyens pour qu'un grand nombre d’entre eux vint célébrer les décadis avec leurs frères. Ils seront