Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1198. 235

Quintidi, 25 Pluviôse.

J'écris à Barère,

« Je te prie, mon bon ami, d'instruire tes collègues que depuis le décret sur le mode de gouvernement révolutionnaire, non seulement les lois ne parviennent point par le nouveau mode d'envoi décrété, mais encore elles ne sont point reçues par l'intermédiaire des autorités constituées supérieures. Un autre abus qui existe c’est que la plupart des corps militaires en cantonnement ne reçoivent ni lois ni bulletins et sont traités comme étrangers à la République. MM. les généraux, pour s’éviter la peine des envois, allument leurs feux avec les bulletins et font ensuite croire aux soldats que la Convention nationale ne s'occupe point de leur sort. J'ai vu aussi dans plusieurs communes où étaient des garnisons, entre autres à Ancenis, département de LoireInférieure et à la Roche-Sauveur, département du Morbihan, beaucoup de soldats sans cocardes. Je leur ai observé qu'un décret ordonnait à tout Francais de la porter. Ils m'ont répondu qu'en recevant l'équipement ils avaient demandé des cocardes à leurs chefs, qui leur avaient répondu qu'ils n'avaient qu’à en acheter, mais que la République n'était pas tenue de leur en fournir. La cocarde tricolore ne doit-elle pas faire partie de l'équipement de tout soldat français? A la Roche-Sauveur commande le général de brigade Avril, sur lequel j'ai écrit en détail au comité. J’ignore sa décision, comme aussi celle qu'il aura prise à l'égard de Le Batteux, d'Hérault et de Guerrard. Ce dernier est un contre-révolutionnaire connu publiquement pour tel et déclaré tel en assemblée générale de la société populaire de Lorient. Il importe d'empêcher le ministre de la marine d'employer un pareil agent. L'ancien calen-