Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 259

l'Océan les flots s’amonceler et former des montagnes menaçantes, retomber tout à coup et creuser des précipices affreux. Les ennemis de la liberté, les agents partout multipliés du crime et de la tyrannie, sont tou_ jours empressés à saisir les nuances du caractère public pour faire servir les vertus mêmes du peuple contre lui, pour tendre des pièges à son ignorance et à sa faiblesse, pour faire concourir à leur but l'influence du climat, l'ardeur même du patriotisme, l’avide empressement des citoyens à travailler au bien de leur pays. C’est avec les mots de Xépublique une et indivisible que les missionnaires de la Gironde ont propagé le fédéralisme. Ils ne parlaient que de fraterniser, de resserrer les nœuds de l’union et de la concorde, ils s’introduisaient dans le sein du corps politique, pour le déchirer en le caressant. Aujourd’hui ceux mêmes qu'ont égarés quelque temps leurs instigations perfides, ont vu toute l'horreur de l’abime. Les coupables ont péri sur l’échafaud, le complot fédéraliste est mort; mais le génie malfaisant qui, dans sa déliriaque espérance croit pouvoir renverser l'édifice d’une république forte de vingt millions d'hommes naissant à la liberté et à la vertu, dans la vigueur de la jeunesse et de l'énergie révolutionnaire, vit encore, il se glisse dans nos cités, dans nos armées, dans nos flottes, dans nos sociétés populaires. Il sème tour à tour la division entre les patriotes et l’union plus fatale encore les faux et les vrais amis de la patrie. Il parle d'humanité et de clémence pour arrêter la juste sévérité que déploient les représentants du peuple. Il parle de sévérité, de rigueur pour frapper les montagnards fermes et généreux qu'il désigne au glaive que lui-même il dirige en les qualifiant d’ultra-révolutionnaires. C'est avec ce mot qu’on fait en ce moment la contre-révolution du