Une mission en Vendée, 1793

260 UNE MISSION EN VENDÉE, 1793.

Midi. Les fédéralistes, les modérés, les feuillants, les prêtres déprêtrisés dont la plupart conservent sous l’habit séculier les préjugés et les vices qu'ils avaient sous leur soutane; tous ces hommes qui s'étaient tenus pru‘demment éloignés des affaires publiques et se ménageaient l'amitié des deux partis, ont eru que le temps élait venu de rompre en apparence leur neutralité et, républicains nouveau-nés, ont assiégé les sociétés populaires. Les orateurs généreux de la liberté versaient leur sang dans les combats; ils ont profité de leur absence pour réduire la trop faible minorité des vrais amis du peuple. Ces derniers n’ont plus d'accès dans la tribune, que se partageaient adroitement quelques intrigants ambitieux. Leur voix a été étouffée; on les a désarmés. On les a présentés comme dangereux par ce qu'on appelait leur fougue exagérée. Ils gémissent aujourd’hui dans les cachots. Marseille, qui n'a vu que briller un instant le crépuscule de la vérité, est replongée dans les ténèbres épaisses que les ennemis du peuple amassent autour d'elle ; Marseille voit ses meilleurs citoyens livrés à la persécution et aux poignards. Toulouse voit encore marcher dans ses murs l’homme qui fit périr Calas; Toulouse voit dominer dans la tribune populaireles mêmes scélérats qui correspondaient avec Bordeaux pour la coalition fédérative, et les montagnards incarcérés. — Bordeaux n’est pas guéri de la maladie du négociantisme. Le parti commercant et muscadin semble même plus irrité qu’abattu de sa défaite. Toulon paraît encore couvert de la vase fangeuse où l’a plongé la trahison. Lyon dans ses ruines fumantes offre encore la tête altière de l'aristocratie dominant au sein d’une société prétendue populaire. Tel est l’état des principales communes du Midi.

Soyez révolutionnaires, ayez présents à l’espritles en-