Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. so 9 ù

liberté paraît aussi sur les vaisseaux : les canons, les fusils, les pistolets, les sabres et les haches pour l’abordage sont dans toutes les chambres de conseil des vaisseaux. Tout retrace la liberté, la guerre; l’une doit se soutenir par l’autre. Le jour baisse, notre canot gagne le large et nous nous éloiïgnons de l’escadre. Quel spectacle à notre départ! les hommes se pressent sur les cordages, grimpent aux vergues, s’élevant au-dessus les uns des. autres comme les spectateurs d'un vaste amphithéâtre, faisant voler leurs chapeaux et leurs bonnets dans les airs et retentir au loin les accents de la liberté. Les pavillons agités paraissent vouloir s'associer à la commune allégresse, tous les bâtiments y participent par des cris qui se répètent et se prolongent. Dans ces forêts de voiles, de mâts, de cordages, comme autant d'oiseaux dans les branches des arbres, paraissent des matelots et des soldats. Leurs concerts patriotiques animent le paisible silence de la mer et promettent à la tyrannie des désastres nouveaux et sa chute prochaine. Un léger brouillard qui s'était élevé se dissipe, le soleil brille de tout son éclat, jaloux d'éclairer ce spectacle et l'œil découvre au faite du màtle plus élevé un bras qui s’agite dans l’air pour offrir un suprème hommage à la divinité des Français, qui bientôt sera celle du monde.

Nous rentrons dans le port aux cris de Vive la Montagne et la République! qui partent de tous les bâtiments qui nous entourent. Les galériens eux-mêmes sentent battre leur cœur et ils s'associent à nos cris. Les mêmes acclamations accompagnent les représentants du peuple dans la ville, dans tous les lieux où ils passent et presque dans leur appartement. Le peuple leur témoi-

gne son amour de la représentation nationale, et il y

joint l'expression brûlante de son enthousiasme civi-