Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 61

pour la république et la liberté. Sur l’esplanade était une croix: on arrête qu'elle sera renversée, et qu’à la place on élèvera un arbre de la liberté surmonté d’un bonnet rouge. Au sortir de la fête, on se rend à une assemblée du peuple, où le patriote Jullien développe de nouveau les sentiments qui doivent être communs à tous les républicains français et électrise les citoyens.

Après l'assemblée, bal civique où toutes les citoyennes prêtent entre les mains de jullien le serment de fidélité à la patrie ; danses prolongées dans la nuit; la danse éveille la joie, et la joie donne plus d'autorité au patriotisme. Cette fête n’est point inutile à la formation de l'esprit public, et c’est à dater de ce jour que les habitants d'Auray se sont rendus garants qu'on pouvait regarder leur ville comme vraiment montagnarde et républicaine.

Les jeunes enfants ont prêté sermententremes mains, avec le ton simple et naïf de la touchante vertu, d’imiter leurs pères et de servir la patrie; ils m'ont témoigné leur joie de se voir formés en bataillons et désormais comptés pour quelque chose dans la classe des gardes nationales défenseurs de la République. Un enfant est venu me supplier de le faire partir pour Rennes : « Tu seras ici, lui ai-je dit, dans le même bataillon que tes camarades ; tu porteras aussi les armies. — Oui, m'a-t-il répondu, mais l'ennemi vient à Rennes, et c'est à Rennes que je voudrais marcher! » O génération future, que ne promets-tu à la patrie? Tels ont été les événements dont Vannes vient d'être témoin ; ils ont étendu leur influence jusque dans les communes du département les plus éloignées, et des clubs populaires formés à l'imilation de ceux de cette ville nous font espérer la prompte extinction du fanatisme dans les campagnes.

Le représentant du peuple Prieur, ayant invité le ci-

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