Une mission en Vendée, 1793

60 UNE MISSION EN VENDÉE, 1793

aujourd'hui, réduites en cendres, servir de pâture à la flamme. On se forme en cercle: le commissaire du Comité de Salut Public parle au peuple, trace rapidement le tableau de la Révolution, s'étend sur les bienfaits de l'égalité qui rapproche tous les rangs, nivelle tous les hommes et venge la classe longtemps méprisée, la classe la plus pauvre et la plus respectable. Il fait ensuite une courte oraison funèbre de la défunte noblesse, qui s'était liguée avec la royauté, et, pour se relever, avait en dernier lieu pris le masque du fédéralisme. Il déchire le voile et fait paraître au grand jour les projets des fédéralistes dont le but était de rétablir le trône. Il montre la Montagne défendant les droits du peuple et sauvant la République. Les cris de : « Vive la Montagne ! »retentissent. Jullien et Barère, commissaire de la Marine, qui l'accompagne, reçoivent chacun un cierge allumé et mettent les premiers le feu aux büches. Le maire et les membres du district et des tribunaux concourent avec eux à la destruction de l'amas féodal dont les flammes impures s’exhalent dans les airs en noire fumée, image fidèle de la vanité qui s'en nourrit si longtemps. Le peuple alors se confond, les gardes nationales déposent leurs armes, qu'elles réunissent en faisceaux, et l’on chante l'hymne de la liberté. On forme des farandoles civiques, on danse la carmagnole. Les cris de : « Vève la Montagne et les sans-culottes! » animent la cérémonie. Au bruit du tambour chacun court à son rang: les vétérans, qui se sont dépouillés de la plume blanche pour arborer le plumet tricolore, marchent les premiers ; la garde nationale, composée des jeunes gens et des hommes faits marche ensuite; après vient le bataillon appelé l'Æspoir de la Patrie où sont tous les enfants, dont les voix encore claires font entendre les cris multipliés qui peignent leur brûlant amour