Une mission en Vendée, 1793

66 UNE MISSION EN VENDÉE, 1793.

campagnes paraissent ouvertement triompher à l’approche des rebelles. J'ai fait le plus affreux des voyages: pluie, bache renversée, voiture brisée, soupente cassée; avec cela mes yeux, ma poitrine et ma tête aussi malades que possible. Tout ira bien si je gagne une fois Saint-Malo. La route par terre est très peu sûre. Je prends à Dinard le passage de Mo. Si nous pouvons sauver Dinan, Saint-Malo sera couvert. Mais Dinan est sans défense et l'ennemi à ses portes. Il nous faut des canons, des armes, des subsistances, de la cavalerie:

nos paysans sont désarmés et sans vivres. Je vais courir toute cette nuit comme la précédente; je dormirai quand je serai à mon poste. L'ennemi s’avance de Dol à Minau, à moitié chemin de Dinan; on craint fort pour cette dernière ville.

Ce lundi 11 novembre 1193, vieux style; ct, suivant l’êre républicaine, ce primidi, premier jour de la troisième décade du mois de brumaire, deuxième de l'An second de la République une et indivisible.

J'arrive à Saint-Malo sur les quatre heures de l'aprèsmidi ; je vais à la Société populaire.

J'écris la lettre suivante à Pocholle et Carrier, députés en mission à Rennes:

«Je m'empresse, citoyens, de vous prévenir de mon arrivée à Saint-Malo, où votre collègue Prieur de la Marne, avec qui j'étais à Lorient, m'a engagé à me rendre, dès qu'il à connu la marche des rebelles. Je suis autorisé par la mission qui m'est confiée à prendre toutes les mesures nécessaires d'utilité et de sécurité publiques que les circonstances me feront juger convenables. Mais ces mesures ne pouvant être bonnes qu’autant qu'elles seront combinées avec les vôtres, et l’ensemble des opérations pouvant seul en assurer le succès, je