Une mission en Vendée, 1793

16 UNE MISSION EN VENDÉE, 1193.

notre situation actuelle. Nous avons craint un instant que l’armée catholique ne s’adressât à Saint-Malo, où les intelligences qu’elle pouvait avoir et qu’elle avait sûrement, ainsi que la terreur qu’elle avait eu soin de répandre parmi le peuple en faisant sonner bien haut la rapidité de sa marche et la prise de plusieurs villes, ne laissaient pas de donner quelques inquiétudes.

« Déjà quelques aristocrates dans le délire de leurs espérances, croyant la ville prise, avaient quitté la cocarde tricolore, insultaient les patriotes et faisaient hautement l'éloge des brigands. J'invitai le commandant de surveillance à prendre des mesures plus actives et plus sévères que jamais pour faire saisir tous ceux qui n'auraient point la cocarde et qui tiendraient des propos séditieux. Depuis, sur la demande qui m'en a été faite par plusieurs patriotes et d'après les avis qui m'ont été donnés, j'ai autorisé le commandant de surveillance à intercepter les correspondances extérieures des personnes notoirement suspectes.

« Les rebelles ont quitté Dol et pris Avranches, qui paraît n'avoir pas résisté, et dont la garnison, composée de onze cents paysans a, dit-on, bravement pris la fuite. Je n’ai pas encore les détails officiels de cette dernière affaire. Les rebelles se sont portés sur Granville et nous avions lieu de nous y attendre. Nous y avons de quatre à cinq mille hommes. J'ai cru devoir suspendre dans ces circonstances le départ des bâtiments anglais parlementaires qui sont ici pour l'échange des prisonniers. »

25 Brumaire,

Je reçois, ce matin, un courrier de Granville qui m'annonce que dix mille républicains défendent cette place, mais qu’ils manquent de munitions.