Variétés révolutionnaires

168 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

balancer l'influence de la municipalité et protéger leur sécurité, ils mirent tous leurs soins à organiser des compagnies d'élite de la garde nationale à pied et à cheval ; tâche que leurs ressources de tout genre leur permirent de mener promptement à bonne fin. Les compagnies royalistes recrutées par le fameux Froment, receveur des revenus du clergé, parmi les ouvriers catholiques de l'Enclos Rey, mal armées, mal équipées, ne pouvaient opposer aux compagnies protestantes une résistance sérieuse, d'autant que le régiment de Guyenne, en garnison dans la ville, s'était nettement prononcé pour les patriotes. Aussi, quand Froment, l'émissaire du comte d'Artois, exploitant l'émotion causée dans le Midi par le décret relatif à l'aliénation des biens du clergé, et obéissant d'ailleurs aux suggestions du fanatisme clérical, voulut engager la lutte dans la rue, le 13 juin 1790, ses soldats furent-ils écrasés au couvent des Capucins, sur le boulevard des Calquières. Lui-même ne put échapper que par miracle ; il gagna l'Italie en laissant son frère parmi les morts. Des scènes de violence marquèrent la défaite des catholiques de Nimes, et le retentissement donné par la voix publique à des excès qu'elle exagérait encore, excita dans le massif montagneux des hautes Cévennes, du Gévaudan au Vivarais, chez les populations aveuglément soumises aux prêtres, la révolte contre l'ordre de choses nouveau. Les événements de Nimes furent ainsi le point de départ d'une série de conspirations