Variétés révolutionnaires

LE CAMP DE JALÉS 181 passionné de quelques hommes, les royalistes manquèrent à la fois de soldats et de chefs. L'abbé de la Bastide, Dominique Allier, de Malbose, le chevalier de Melon, n'étaient que des sous-ordres ; l’abbé Claude Allier prenait trop souvent ses rêveries et ses désirs pour des réalités ; le comte de Saillans lui-même n'était pas un organisateur. Jamais il n'y eut dans l’inexpugnable vallée de Jalès ni un magasin d'armes ni un magasin de vivres. Ce que l’histoire, d'après la légende, a appelé « un camp » n'était un camp que sur le papier. Qu'on examine les résultats considérables obtenus, à peu près dans la même région, un siècle auparavant, par Cavalier et Rolvand, les chefs des Camisards, avec des ressources bien moindres ! Les insurgés protestants, beaucoup moins nombreux, à la merci de trahisons quotidiennes, traqués comme des bêtes fauves, résistèrent plusieurs années aux meilleures troupes de Louis XIV, conduites par les premiers tacticiens du dix-septième siècle. Les royalistes de 1790, secondés par l'unanimité de la population, ou peu s’en faut, ayant des vivres, des armes et des munitions partout où ils voulaient en demander, ne purent jamais organiser une résistance sérieuse. C'est que, en dépit des apparences, la foi manquait à leurs soldats, et la légèreté des chefs vouait leurs efforts à un irrémédiable échec.

MARCELLIN PELLET dd

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