Variétés révolutionnaires
LUGIEN BONAPARTE 329 yeux, lui dit: « Voilà Jérôme marié et roi d'un beau pays. Quand aurai-je aussi à te féliciter ? Nous le désirons tous ici, et nous espérons que l'arrivée de Sa Majesté en Italie te tirera de l'obscurité où tu te plais, mais qui est si funeste à ta famille. Mille caresses à tes enfants et à Alexandrine (1) ». On remarquera cette dernière ligne, qui fait supposer qu'Élisa ne poussait pas au divorce avec la Jouberthon. Toujours est-il que Lucien demanda une audience à son frère, dès l’arrivée de l’empereur en Italie. L'’entrevue eut lieu à Mantoue, le 12 décembre 1807. Napoléon mit immédiatement la conversation sur le terrain du divorce, offrant à Lucien, en échange de sa soumission, la couronne de Naples ou celle d'Espagne. Le récit de l'entrevue de Mantoue est un des plus singuliers chapitres des Mémoires. L'empereur y montre toutes les ressources de son esprit à la fois dominateur et cancanier, parlant à bâtons rompus de Joséphine, qui se croit empoisonnée par son mari dès qu'elle a une mauvaise digestion, des deux enfants qu'il a eus de jeunes filles de la cour et dont il est très fier, car leur naissance prouve qu'en dépit des faiseurs d'épigrammes le maitre n'est pas impuissant. Mais Napoléon, au bout de toutes ces digressions, revenait toujours aux invectives contre Alexandrine. Sur ce point Lucien resta inflexible, même après la menace de son frère de le faire arrêter et conduire
(1) De notre collection d'autographes. MARCELLIN PELLET 19