À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois
À LA RECHERCHE DE LA FORTUNE DU DUC D'ORLÉANS 21
Vous avez très sagement commencé par employer les moyens conservatoires. Mais leur utilité ne sera démontrée que lorsqu'on saura s’il y a quelque chose à conserver. Il me paraît impossible de concevoir un doute à cet égard. Je ne fonde pas cette opinion sur les dires de Mre de Sill[ery]; c’est une vraie caillette. Elle avait dit à M. de Talleyrand que M. C. le père avait 13.000 livres de rente dans les fonds anglais. Elle n’a dit à moi, depuis qu’elle est ici, qu'il y avait 800 mille livres tournois de rente, et depuis elle m'a avoué qu’elle n’en savait rien, Mais je suis sûr que M. Ducrett .....' de M. D. il y a cinq ans avait connaissance de plusieurs millions placés en Angl:..… Je suis sûr que M. de Montmorin, qui était à portée de le savoir, m'a dit en 90 et 91 qu'il lui connaissait mieux de 15 mille guinées de rente. Enfin il est de notoriété publique que depuis plusieurs années il vendait tout ce qui était vendable, il faisait même de mauvais marchés pourvu que l’on payât comptant, et que ces sommes passaient à l'étranger. Il a dit d’ailleurs à son fils plusieurs fois qu'il finirait par s’aller établir en Angl.... et qu'il n’y aurait besoin de rien. Il me parait done sûr qu'il existe quelque part au moins une grande partie de ce qu’il avait mis en sûreté, et je ne peux pas douter qu'il n’ait eu constamment cet objet en vue, puisque c’est en 1792 qu'il a fait le dépôt de diamants dont je vous ai parlé, dont il a fait part à son fils en lui disant à qui il le remettait avec ordre de ne le rendre qu’au père ou au fils. À propos de ce dépôt, il faut que je vous informe des raisons très fondées de défiance que nous avons contre le dépositaire. M. Chabos, réduit à rien il y a lrois mois (son père vivait encore), imagina d'écrire à M. Boyd une lettre très polie dans laquelle, lui disant qu’il connaissait ses relations avec sa famille, il croyait pouvoir s'adresser à lui avec confiance pour lui faire passer
1, Mot illisible. —- O. K.