À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois
A LA RECHERCHE DE LA FORTUNE DU DUC D'ORLÉANS 931
sances peuvent difficilement négocier avec un gouvernement sans foi et sans existence légitime, mais je sais que trois mois après la paix le gouvernement croulera, et que l'objet des puissances sera rempli, au lieu qu'on ignore ce que peuvent produire les hasards de la guerre, et l'impulsion, même mal dirigée, d’un million de têtes exaltées. Je crois l’Europe sur une mine et la mèche est au fourneau. Il importe peu avec quoi on léteindra pourvu qu’on l’éteigne. Le projet de descente en Angleterre me paraît une extravagance. Mais il n’est pas impossible, et on pourrait se tromper en calculant les résultats. Quant à moi, je désire tous ceux de la paix, et je crains tous ceux de la guerre.
Genève que vous croyiez morte paraît un peu en convalescence. Gagner du temps est beaucoup, et je crois que vous avez tort de regretter les bombes, car elles vous auraient tué, et je doute que c'eût été honorablement.
Jai appris avec peine que M. de Périgord’ avait été forcé d’aller en Amérique. Avez-vous eu occasion de faire connaissance avec M"° de Flahault* qui est fort connue de M. le M5 de Lansdown? Elle me mandait il y a peu de temps que M. C. le père avait à Londres beaucoup d'effets et d'argent et que l’on était bien étonné que son fils n’eût donné de procuration à personne pour les retirer. Si vous la voyez, tâchez je vous prie de savoir d’où elle tient cela. C’est une femme aimable et qui parle fort bien anglais et français. Je vous invite à la connaitre. Adieu, mon cher ami, je vous suis attaché pour la vie.
Pardon de lenveloppe, j'avais cru mon papier assez grand. On s’oublie facilement en causant avec vous.
1. Talleyrand. — O. K.
2, Adélaïde-Marie-Emilie Filleul, comtesse de Flabaut, puis marquise de Souza-Botelho, née à Paris le 14 mai 1761, morte dans la même ville, le 16 avril 1836. — O. K.