Bitef

discussion sur les changements de la courbe économique depuis quinze ans nous pouvons constater que le monde se trouve actuellement en pleine récession économique, qui a évidemment touché notre pays aussi. Notre pays y répond par un ensemble de mesures comprises dans le terme de stabilisation. Comment réaliser le programme du Festival international dans ces conditions? BITEF a opté pour une vérification approfondie de la valeur des spectacles et pour une coopération étroite avec ses partenaires étrangers dans sa recherche sérieuse des valeurs nouvelles dans le monde. Un diplomate, conseiller culturel, a fait remarqué avec esprit, dans son serbocroate sympathiquement déforme; Ali i mi imamo naša stabilizacija! (Nous aussi, nous avons notre Chtabilisation!). Très juste! En 1982 in n’y a pas de pays qui n’ait pas sa stabilisation, quel que soit son nom. Et pourtant... Les Etats Unis d’Amérique, au moment où ils proclament les reagonomics, c’est à dire l’abstention rigoureuse de l’Etat de toute intervention économique et surtout dans le domaine culturel, subventionnent cette année précisément et par un montant jamais accordé jusqu’à présent, leur troupe venant au BITEF; la Roumanie, où la lutte est engagée pour chaque calorie, envoie au BITEF sa représentation la plus spectaculaire; l’Union Soviétique où des mesures d’économie s’étendent aussi sur le plan de sa politique culturelle à l’étranger, envoie sa quatrième troupe théâtrale en Yugoslavie - au BITEF précisément; la République Fédérale d’Allemagne prend pour la n-ième fois à sa charge, par le truchement de l’lnstitut Goethe, les frais considérables de ses représentants; la République Démocratique Allemand subventionne également généreusement un de ses meilleurs théâtres; les Hongrois envoient en Yougoslavie, déjà pour la seconde fois cette année, leur théâtre le plus vivant - celui de Kaposvár; les Tchéchoslovaques inscrivent la tournée de leur ensemble au

programme de coopération culturelle quoique formellement la participation au BITEF n’ait pas été prévue cette année; les Italiens - malgré une procédure compliquée d’obtention de crédits pour des tournées à l’étranger, accordent une subvention importante au Teatro della Maschera de Rome; les Finlandai payent à leur Monsieur Bagages aussi bien les frais d’envoi des bagages que de voyage des artistes depuis le lointain Helsinki pour que la Finlande soit présente, pour la première fois, au BITEF. Et enfin les Japonais, dont les artistes n’hésitent pas devant des sacrifices, acceptent de venir dans des conditions plus que modestes pour inaugurer à Sava Centar le BITEF de cette anée. Enfin, Belgrade, la capatale de la République Socialiste Fédérative de Yougoslavie, qui doit faire face à des difficultés économiques multiples, a cependant décidé de maintenir ses festivals internationaux déjà renommés, dont le BITEF. Les républiques fédérées yougoslaves soutiennent financièrement la venue de leurs représentants invités au BITEF. Cette année ce seront des représentants de la Croatie et - pour la premiére fois au BITEF - ceux de Bosnia et Herzégovine. Dans ce monde aux mauvaises nouvelles, où de bonnes intentions sont rares et non moins rares les options zéro quant aux armes, BITEF offre un exemple modeste mais évident de la bonne volonté de tous: de nous-mêmes d’abord, mais aussi des autres peuples, de dépasser les conditions limitatives et de se réunir à Belgrade malgré des difficultés économiques, ce qui pourrait être considéré comme une sorte de luxe noble de l’Esprit mondial du Théâtre. □ Mira Trailovié et Jovan Ćirilov