Bitef

aurai insinue l'imagination inquestionable de Sémola et leur capacité de jouer un rôle très digne ou qu'ils aillent un rôle brillant. Cela dit il reste a signaler un outre trait bien caractéristique et original du groupe. On rencontre dans »Hibrid« des allégories et des insinuations choréogrophiques qui sont le reflet mimétique d'un genre de théâtre-danse et d'une esthétique sur le vide de la société postindustrielle. »Hibrid« émerge de l'humour et des subtilités avec lesquels le groupe sait manipuler l'élément pathétique. »Hibrid« est aussi et par conséquent, une dramaturgie du scepticisme. Ct a moi il me semble que ce scepticisme qui cache ou qui glace le rire, est le registre d'où peuvent surgir beaucoup des idées scéniques que connectent avec une contemporonéite théâtrale que Sémola pratique d'une façon original, lumineuse et

Joan Rnton Benach

vigoureuse. ■

HIBRID DU SCMOLR T€RTR€ Ce pourrait être juste avant le chaos final, trois hommes et trois femmes qui auraient fait le tour des choses de la vie, se retrouvent sur scène pour un dernier défilé sur la piste de la tragédie humaine. Ce pourrait être à l'orée des temps, des êtres mutants non encore achevés tentent de timides petits pas dans l'existence. Ce pourrait être le voisin du dessous. Oui, celui en jogging bleu ciel qui fume continuellement et ne communique qu'avec la télécommande de son téléviseur muet. »Hibrid«, dernier spectacle de la compagnie catalane Sémola Teatre ouvre la voie d'une esthétique polymorphe, une »poétique de la décadence« qui mêle entre présent et passé, le quotidien le plus palpable aux chimères à peine avouées. Joan Grau qui dirige ce ballet des corps fait évoluer les six comédiens-danseurs-acrobates entre ciel et terre. Sur le sol, des tonnes de sable mouillé par des jets d'eau, espace incertain sur lequel les corps piétinent, les êtres font du surplace, comme englués dons leurs vies trop étroites, gênés par des vêtements trop justes qu'ils déchirent à coup de hache ou maculent de

chocolat. Dans les airs, prisonniers d'une structure métallique bardée de cordes du désespoir et de chaînes, l'homme a le vertige. Il a beau s'accrocher aux cimes incertaines, se pendre comme un suicide, le lit des amants se renverse inexorablement, la baignoire se vide laissant a nu son occupant qui tombe (de l'enfer ou du paradis?) sur la table de la salle à manger du voisin ( celui en jogging bleu!) les jeunes mariés n'ont pas le temps de siroter leur champagne. Ct toujours ces courses effrénées, ces seaux éternellement vides qu'on ne prend plus la peine de remplir, ces corps découverts qui recherchent en vain la protection de l'autre qui se dérobe, le tout rythmé par une bande son étourdissante qui serait comme le sous-titrage outrancier d'un film au rituel violent et pessimiste (on pense à certaines séquences de Peter Greenauuay). Dans sa totale maîtrise et son onirisme flamboyant, »Hibrid« a quelque chose des collages surréalistes de Max Crnst, une vision floue des déséquilibres humains les plus intimes. Cntre chaos et renaissance. ■ flchmy Halley, »Journal International du Mime«, 4. mart 1 993.