Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

336 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

« jusqu'à l'étonner. » Que d'ironie quand elle lui recommande de ne pas écrire avec précipitation! Et aussi quand elle lui dit : « Je veux bien eroire que vous ne trouvez pas à la Russie l'air français : ce n’est pas aussi celui que je lui désirerais. » Aurait-elle écrit de la sorte en 4766, quand elle parlait à madame Geoffrin « des beaux génie » qui honoraient la France ? Maïs la France nouvelle lui déplait, et sa méfiance rejaillit sur tous les Français.

C’est dans cette même lettre du 8 septembre 1791 qu’elle dit à Sénac de Meilhan. « Je ne doute pas « de votre zèle, mais vous conviendrez qu'avec beaucoup « de talents on peut trouver des difficultés à écrire ce « sur quoi on est obligé de faire provision des premiers « éléments pour s'instruire de la matière qu’on a à trai« ter et que souvent un long et assidu travail est capable « de vaincre seul. J'attendrai très patiemment ce que « vous m'enverrez, parce que j'ai toujours de quoi m'oc« cuper. » Peut-on vraiment lui faire mieux sentir que l’on se passerait de recevoir quoi que ce soit ?

Ses sollicitations restant sans résultat, Sénac de Meilhan conçut le plan de s'adresser ailleurs. Il rejoignit l’armée du prince Patiomkine. Dans sa lettre du 8 septembre, la Tsarine lui disait : « J'ai vu dans votre lettre les motifs « qui vous font entreprendre le voyagede Kief, d’où vous « comptez d'aller à l’armée. Le prince Potemkine aura « reçu votre lettre dans le temps qu'il était bien sérieu« sement malade. » Plus tard, dans une lettre à Grimm, elle s’expliquera sans ménagement sur lè voyage de Meilhan à l'armée de Patiomkine.Avec ses prétentions à