Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

340 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

qui, comme Necker, l’arrêtèrent sur le chemin du pouvoir, font que nous eompatissons médiocrement à ses infortunes. Le talent distingué de l'écrivain et le mérite très problématique de l’administrateur ne nous masquent pas le caractère de l'homme. ‘

La correspondance de Catherine II avee Sénac de Meilhan prend fin avec cette lettre du 8 juillet 1792 : « J'ai reçu, Monsieur, votre lettre de Prague du 23 juin « accompagnée d’un mémoire. Je pense que comme la « saison est déjà très-avaneée et que vous ne sauriez < supporter le elimat rude du soixantième degré, vous « ferez très-bien de ne pas vous y exposer. Au sujet de « votre mémoire je vous dirai que selon moi, pour sau« ver la France, il n’y a plus qu'une seule chose à faire, « c’est de rétablir l'autorité du roi, et que pour cela il n’y « a qu’une voie, celle des armes. Cent mille hommes et « la loi martiale, voilà ce qu’il vous faut pour n'être pas « détruitsde fond en comble. Adieu, portez-vous bien. »

Sénac de Meilhan envoya done à la Tsarine un mémoire sur la situation en France. Ce mémoire ou projet lui avait-il été demandé? Nous avons dit tout à l'heure que cela ne parait pas vraisemblable ; il est plus probable que frappédes quelquesconversations qu’ilavaiteues avec l'Impératrice touchant les événements de France, Sénac de Meilhan prit l'initiative de lui envoyer un mémoire dont il avait été vaguement question. Comme l’on voit, la souveraine l'accueillit avec peu de faveur. Si elle le lut, ce qui est douteux, elle n’en tint aucun compte, et les deux mots qu'elle se borne à en dire à l’auteur dénotent bien, comme elle l'écrit à