Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECRER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 339

A la façon dont les rapports sont désormais terdus, Catherine n’a plus à garder les ménagements et les égards qu’elle avait dù conserver dans les débuts ; elie se livre tout entière dans cette lettre, et elle rompt définitivement avec un jeu d’intrigues qui lui déplaisent.

Mais il est à remarquer qu’en toute cette affaire, ce fut Catherine qui traita Sénac de Meilhan « avec distinction, » et que la prudence de la Tsarine eut raison des obsessions incessantes de ce Français peu délicat. En 17992, à défaut d’un poste de gouverneur, de contrôleur des finances, d’ambassadeur à Constantinople, à défaut du titre de bibliothécaire, Sénac de Meilhban réclame encore pour son entretien, malgré les milliers de roubles qu'il a déjà reçus. A cette époque, il est vrai, la situation des Émigrés n’était point brillante, mais de Meilhan avait volontairement quitté la France, pour chercher fortune plutôt que pour servir son roi. et après avoir retiré de précieux avantages de son intendance du Hainaut. Il ohéissait aussi à la nature de son esprit. Au XVII siècle, les hommes du meilleur monde trouvaient naturel de quémander quelque haute fonction de la faveur du roi. Il y avait pis: les idées de patrie et de nation étant encore mal définies et mal comprises, l’on ne craignait pas de s'adresser à un souverain étranger, voire même à un souverain ennemi. Sénac de Meilhan, qui se croyait de l’étoffe dont on fait les grands ministres, obéissaif à cette tendance de son époque qui s'adaptait à sa vanité naturelle. Mais l’acharnement qu’il mit dans ses manœuvres, V’âpreté, la jalousie et la haine qu'il témoigna contre ceux