Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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nuie-t-il la souveraine qui a les yeux plus souvent tournés vers Varsovie et vers le Bosphore que vers Paris, et jugeant que le elimat du 60° degré est décidément trop rude pour la santé du voyageur, elle le congédie par un définitif: « Adieu, portez-vous bien. »

Malgré ces singuliers encouragements, Sénac fit parvenir à la Tsarine, en 1794, son latroduction à l'histoire de Russie. l'eu après, ne recevant pas de réponse, il écrivit au favori Zoubof pour lui demander « de grâce » que sa Majesté Impériale voulüt bien lui faire part de ses intentions ; c’est à elle, en effet,« qu'ilappartient de décider » si les forces de l’auteur sont « en proportion avec l'entreprise, » et si l'ouvrage doit être continué.

Sénac de Meilhan, qui disait s’être uniquement occupé de ce travail depuis plus de deux ans.adressait en mème temps à Zoubof le manuscrit de son ouvrage : Le Gouvernement, les mœurs el les conditions en France, qu'il allait publier à Hambourg où il s'était réfugié ; il demandait au favori de prendre le livre«sous ses auspices.» Sénac ne réussit pas mieux avec Zoubof qu'avec la Tsarine.

Mais Sénac pouvait-il prendre la plume sans demander quelque chose pour lui ? Cette fois, il sollicite de la bonté de l’Impératrice, en remplacement de la pension qu'elle lui fait, « un petit coin de terre », où il pourra « à l’abri des orages » lui consacrer ses talents et terminer paisiblement ses jours. A défaut du «petit coin de terre », Sénac revient à la charge pour obtenir une mission à l'étranger. Enfin Sénac de Meilhan fait valoir la nécessité de revenir en Russie afin d’y rassembler les