Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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sans-gêne qui étaient dans sa manière de faire, il n’y en a pas moins chez elle des pensées de derrière la tête qu'elle est dans l'obligation de lui dissimuler. Aussi faut-il aller puiser dans sa correspondance avec Grimm pour bien connaître son opinion vraie.

Avec Grimm, dont elle a apprécié la discrétion, elle n'a point de secrets. Aussi s’ouvre-t-elle entièrement sur cetintrigant qui voulait d’elle un emploi quelconque, pourvu qu’il fût élevé et rémunérateur. Ce qu'elle dit à Grimm éclaire en maints endroits lessous-entendus diserets de ses lettres à Sénac de Meilhan. En juin 1791, tandis que Meilhan est à Pétersbourg, à un moment où Catherine n’est pas encore lasse de ses demandes, de ses attitudes, de sa fatuité, elle dit à Grimm qu’il lui a produitune bonneimpression ;maisla bonneimpressions’envole vite, et Catherine ne s’en cache pas à son « souffredouleurs. » Le voyageur a quitté Pétersbourg au mois d'août, et le 1° septembre Catherine écrità Grimm ces lignes caractéristiques : « Pour M. de Meïlhan, qui jouit « d'une fort mauvaise santé, je lui ai trouvé infiniment « plus de vouloir que de pouvoir : il vous dit avec « beaucoup d’apprèêts très peu de choses ; l'histoire, « s’il la fait, ce que je n’espère pas, sera de mème. J'ai « eu avec lui deux ou trois conversations : il aime à « endoctriner, et ceux qui l’écoutent savent déja tout « ce qu'il va dire ; outre cela, il ne sait pas trop s'il « est, comme tous ses amis, démagogue ou bien roya« liste selon ses anciennes charges, mais je pense que « cela est très-indifférent ; il fait de jolis petits vers. Il « est parti d'ici depuis six semaines ou deux mois; ila