Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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que le mérite de l'historien, et pour juger cet incident qui marqua dans la vie de Sénac mais qui vaut surtout par l’importance que la Tsarine lui attribua.

Meilhan, en quittant la Russie, se rendit àRheïnsberg, à la cour du prince Henri de Prusse. Il y reçut un accueil d'autant plus empressé que le prince Henri, qui étaiten froid avec Catherine, n’était pas faché de connaitre par lui les évènements de la eour de Russie.

Sénac de Meilhan est à Rheinsberg depuis quelques mois à peine, quand le prince Henri, le 30 août 1793, éerit à Grimm: « Plus on le connait et plus on l’aime, » Le 11 octobre il écrira également à son correspondant: « J'ai encore M. de Meilhan qui fait nos délices ; on l'aime à mesure qu’on le connait davantage. » Si Sénac eut voulu remonter dans l'estime de l’Impératrice de Russie, il n'avait pas pris le bon chemin en allant à Rheinsberg. Aussi la Tsarine resta-t-elle absolument indifférente au « discours préliminaire savant et très bien fait pour l'histoire de Russie » que Sénae lui fit parvenir en 1794. Ce travail ne produisit sur elle aucun effet, et elle se moque de ce «charmant homme qui, malgré vent et marée,» veut écrire l’histoire de Russie «d imagination, » pour le plus grand bonheur du prince Henri qui raffole de lui. A ses yeux, Sénac est de « la cohorte constitutionnelle » de Rheinsberg; et nous savons son mépris pour les constitutionnels.

Sénac de Meilhan dut cependant s'éloigner de Rheinsberg. Catherine demanda à Grimm les dessous de ce brusque départ. Celui-ci, bien informé par toutes les correspondances qu'il entretenait avec l’Allemagne, mit