Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 51

et il ne rapporta de son voyage que le ridicule parallèle de Saint-Pierre de Rome.

Sénae de Meilhan déplut à l'Impératriee pour plusieurs motifs. Et d’abord, esprit libertin et sans goût, il dut, dans ses courts entretiens avec la souveraine, user d'un langage et d'allures peut-être permis dans un certain monde, mais dont Catherine IL ne saisissait pas toutes les nuances ou qu’elle ne voulait pas tolérer. La Tsarine ne craignait pas de se servir souvent de termes réalistes et grossiers. Dans ses lettres à Grimm elle emploie fréquemment desexpressions ef appuie sur des choses que le plus libertin et le plus effronté des Français du dixhuitième siècle n'aurait prononcé qu'en un cercle d'amis, et elle dit cela tout naturellement, tout naïvement, avec l’inconscience d’une Slave qui n’entend point toutes les malices de la langue française et les finesses de ce Paris dans l'esprit duquelelle a cependant vécu. Mais si son langage estparfoisleste, ce n’est qu'avec ses favoris, avec ceux qui l’approchent régulièrement, avec ceux encore comme Grimm qui sont profondément entrés dans son amitié, et il l’est à ses heures. Pouvait-il l'être également avec Sénac de Meilhan et aux heures de Sénac de Meilhan ? Il y a de la différence pour un souverain entre le langage qu'il peut parler et celui qu'il n'admet pas qu’on lui parle.

Puis surtout, Sénac de Meilhan fatigua Catherine par ses incessantes suppliques. Quand il a perdu la partie pour un emploi, il insiste pour un autre. Ces demandes réitérées qui étaient pour lui autant de prétextes à faire valoir sa compétence financière ou son instinct diplo-