Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
LA FRANCE DE L'ENCYCLOPÉDIE 3
encore si peu préparé. L'insurrection du marquis de Pougatchef n'empêcha pas Catherine d'entretenir avec ses chers philosophes des relations cordiales, mais elle ne prêta plus l'oreille à leurs doctrines ; elle combattit leurs utopies, d’abord timidement, puis plus vivement, et obligée — contre son goût — de recourir à des pendaisons pour en finir avec le faux Pierre IT, elle changea peu à peu de système de gouvernement pour aboutir à un régime de sévérités. Elle ne dit pas adieu aux réformes ; la « législomanie » ne l’abandonna pas; elle s'y remit par boutades, comme elle continua à « jaser » avec ses correspondants sur le sort et l'émancipation des masses populaires. Son libéralisme n’était pas éteint, mais l'élan primitif n’y était plus. Le changement, d'abord peu sensible, s’opèra lentement. Dès 1775 il commence à se dessiner.
L'année 1773 marque done pour le libéralisme de Catherine Il une époque de ralentissement.
L'avènement de la Révolution française marqua le point d'arrêt etle revirement.
La Révolution porta le dernier coup aux dispositions libérales de Catherine Il ; aussi la combattit-elle avec une singulière énergie. De ce jour sa rupture avec le libéralisme futcomplète, Elle avait pris goûtà l’autoritarisme et en avaitreconnu la nécessité pour la Russie. Elle n’admit, dès lors, que ce mode de gouvernement. Elle avait fait le meilleur accueil aux Émigrés; elle favorisa leurs projets en alimentant leur caisse. Sans la mort subite de Gustave III elle eût peut-être pris part avec lui à quelque expédition militaire. Elle usa de tous les moyens